Charte du sism

« Rappel à l’Intelligent et Avis à l’Indifférent »

  1. Conscience : et bonne conduite.
  2. Considération : de l’homme.
  3. Concertation : et réflexions.
  4. Confirmation : de nos besoins pour la science.
  5. Conformation : de nos idées sur l’esprit.

Conscience : et bonne conduite.

Une bonne conscience fait que je ne redoute aucun témoin de mes actions, ni de mes pensées. Celui qui peut se rendre compte avec satisfaction de tous les détails de sa vie, et faire connaitre a ses amis ce qu’il fait, tous les jours et à tous les moments des jours, qui n’a rien dans sa conduite qu’il se croit obliger de cacher, donne une bonne opinion de l’état de sa conscience.

 Il faut vivre en particulier, comme si l’on était regardé par tout le monde, et penser, comme si chacun pouvait lire au fond de notre âme.

 

Considération : de l’homme.

 

L’homme :

  • considéré dans le temps et l’espace, est un corps comme les autres corps ;
  • considéré comme croissant et décroissant, c’est une plante ;
  • comme sensible et mouvant avec chois, c’est un animal ;
  • il est par la forme extérieure et la taille, comme l’image dessinée sur le mur.

Parmi les hommes ;

  • il y en a qui méconnaissent les ouvrages et les compositions scientifiques des contemporains. Ce dédain est un tort ; il est absurde de dédaigner les ouvrages des véritables savants qui ont atteint la projection dans la composition. Ce qui produit cet injuste mépris, c’est la rivalité et la jalousie qui existent entre les contemporains. Que Dieu bénisse le poète pour ces vers : 

A celui qui dédaigne le contemporain et pense que le pas est du aux anciens, … 

  dis-lui : « cet ancien a été nouveau, et ce nouveau deviendra ancien. »

  • Les conséquences des idées ne s’arrêtent pas à une limite fixe et les spéculations des esprits sont indéfinies ; car le monde est vaste comme mer débordante, et le flux divin n’a ni interruption ni fin ; il n’est pas impossible, inconcevable, que Dieu ait thésaurisé pour les modernes qu’il n’a pas donné à beaucoup D’anciens.

 

  • Celui  qui dit que le premier n’a rien laissé au dernier se trompe, il est bien vrai de dire : combien le premier n’a-t-il pas laissé au dernier ! d’autres disent que cette phrase : « le premier n’a rien laissé au dernier », n’est préjudiciable à la science. C’est la une grande erreur et une opinion nuisible, car elle ôte l’espérance D’ajouter une science à celles des anciens et prive le dernier de la science du premier.

 

  • Les anciens ont eu pour eux l’invention des principes et la bonne disposition des règles ; les modernes ont tiré les conséquences de ces principes, ont fortifié les régles et agrandi l’edifice de la science. » (1)

 

 (1) : le livre D’ABD-EL-KÂDER « rappel à l’intelligent et avis à l’indifférent », traduit par GUSTAVE DUGAT, présentation de Abderrahmane Rebahi, impression septembre 2001,  Algérie-Livres-Editions.

 

Concertation : et réflexions.

 

Le poète MOTANABBY :

  • « je n’ai pas vu de plus grand défaut chez l’homme que celui de laisser une chose imparfaite, alors qu’il a le pouvoir de la perfectionner. »,
  •  Et  Mr. GUSTAVE DUGAT commente ainsi : « cette belle pensée mériterait D’être écrite en lettres D’or au fronton des établissements D’éducations publique, D’être conservée, comme un fin joyau, dans le souvenir de l’homme. Mais il ne suffit pas de collectionner des maximes, il faut en faire l’application. ».
  1. L’homme intelligent doit considérer la parole et non la personne qui l’a dite.
  • Car si cette parole est une vérité, il doit l’accueillir, celui qi l’a dite fut-il réputé grave ou frivole.
  • Ainsi, L’intelligent connait les hommes par la vérité, et non la vérité par les hommes ; car « al-hikmatou dàllatu –l-mu’min » (la sagesse est la pièce de bétail égarée de tout croyant ou homme de raison),  et l’intelligent la prend de tout homme chez lequel il la trouve, humble ou élevé.
  • « L’or s’extrait du sable, le narcisse de l’oignon, la thériaque des serpents et la rose des épines. »

 

Confirmation : de nos besoins pour la science.

 

La science : constituant la perfection humaine,

  • Tout  homme est naturellement amant de la science et désire la posséder ; il a de la joie quand il y participe,  fut –ce pour peu de chose, et lors même qu’il reconnait dans celui qui lui a donné le titre de savant un défaut de sincérité, c’est avec tristesse qu’il se voit repoussé du rang des savants.96
  • Il aime la science pour elle même et pour sa perfection et non autrement.
  • L’homme instruit sait qu’il n’y a pas de jouissance qui lui soit supérieur ; car elle est spirituelle, et rien ne la trouble

Conformation : nos idées sur l’esprit.

L’esprit (ÂKL)*,  est la source et la base de la science, c’est l’horizon D’ou elle se lève. La science émane de l’esprit comme la lumière émane du soleil ; le fruit, de l’arbre ; la vue de l’œil.

Le mot esprit à quatre acceptions diverses, selon les objets auxquels il s’applique :

  • La première désigne la qualité qui rend l’homme apte aux sciences D’examens et le distingue ainsi de tous les animaux.
  • La seconde désigne les connaissances qui naissent dans l’enfant, alors qu’il peut discerner les vérités évidentes et communes, comme : deux font plus qu’un, une seule personne n’est pas dans deux endroits à la fois dans seul moment. Ces connaissances se rapportent incontestablement à l’esprit.
  • La troisième acception a trait aux connaissances dont l’expérience du cours des choses nous apprend l’utilité. Celui qui est habile à manier les affaires et à les apprécier dans le contraste de leur divers états, s’appelle intelligent. On appelle ignorant celui qui n’a pas acquis cette habilité. Le mot esprit convient à cette autre espèce de connaissance.
  • La quatrième acception du mot esprit s’applique à cette faculté puissante qui dirige l’homme dans l’appréciation des conséquences des choses et le rend maitre de la passion qui l’entraine vers les plaisirs nuisibles ; quand l’homme domine cette passion, on l’appelle intelligent, parce que, dans ses actes, il recule ou avance, selon que le nécessite l’appréciation des conséquences.

 

* : Le mot ÂKL : les lexicographes arabes, entre autres l’auteur du kitâb ettârifât (livre des définitions), disent que le mot âkl (esprit, raison) vient du mot ikâl, lien qu’on passe à une des jambes de derrière et à une jambe de devant du chameau, en sorte qu’il est entravé. De même la raison est un frein qui empêche les intelligents de dévier du chemin de la vérité. Le raisonnement est un lien serré entre plusieurs idées, plusieurs propositions, est la faculté D’apercevoir la liaison du générale avec le particulier.